L'assassinat brutal de Vidadi Isgandarli
02 novembre 2024 à 12:24
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Vidadi Isgandarli, une figure emblématique de l'opposition azerbaïdjanaise en exil, est décédé en France des suites de blessures graves après avoir été poignardé à plusieurs reprises dans son bureau à Mulhouse. L'attaque, survenue le 29 septembre, a été perpétrée par trois hommes masqués qui ont fait irruption dans son appartement. Malgré les efforts des médecins pour le réanimer, Isgandarli a succombé à ses blessures le 1er octobre, après plus d'une journée passée dans un état critique.
Son frère, Oktay Isgandarli, a confirmé la nouvelle à RFE/RL, affirmant que cette attaque était politiquement motivée. « Mon frère a déjà survécu à une première attaque en 2022. Il n’y a aucun doute, il s’agit d’un assassinat politique », a déclaré Oktay. Les agresseurs, qui portaient des masques, n'ont pas prononcé un mot, empêchant ainsi Vidadi d'identifier leurs motivations ou leur identité.
Cet incident rappelle l'agression subie par un autre dissident azerbaïdjanais en exil, Mohammad Mirzali, en 2021. Ce dernier avait également été poignardé, mais avait survécu à ses blessures. La violence contre les opposants politiques azerbaïdjanais vivant en Europe semble s'intensifier, soulevant des préoccupations quant à la sécurité des exilés.
Vidadi Isgandarli était un critique virulent du gouvernement azerbaïdjanais et du président Ilham Aliyev. Il avait participé aux élections législatives de 2010 en Azerbaïdjan, qu’il avait qualifiées de frauduleuses après l'échec de l'opposition à obtenir des sièges. À la suite de sa participation à des manifestations, il fut arrêté en 2011, accusé d’agression et d’interférences avec les élections, accusations qu’il avait toujours niées, les qualifiant de politiquement motivées. Condamné à trois ans et demi de prison, il fut libéré en 2012 dans le cadre d'une amnistie présidentielle.
En 2015, face à des persécutions croissantes, Vidadi et sa famille ont fui vers la France. Cependant, même en exil, il n'a jamais cessé de dénoncer le régime autoritaire de son pays, ce qui lui a valu d'être la cible de menaces constantes. Son frère Oktay a révélé qu'il avait demandé aux autorités françaises de déplacer Vidadi dans un quartier plus sûr après une première attaque en 2022, mais que cette demande n'avait pas été satisfaite à temps.
Le meurtre de Vidadi Isgandarli survient à quelques semaines de la conférence internationale sur le climat COP29, qui doit se tenir en Azerbaïdjan. Les organisations de défense des droits humains ont exhorté les participants à utiliser cet événement pour attirer l'attention sur la situation préoccupante des droits de l'homme dans le pays, où la répression des opposants et des militants des droits est devenue monnaie courante.
Amnesty International a récemment rapporté que le gouvernement azerbaïdjanais abusait largement du système judiciaire pour réduire au silence ses détracteurs, notamment par des accusations criminelles inventées. Le cas de Vidadi Isgandarli illustre tragiquement cette dynamique de répression qui semble franchir les frontières.
L’assassinat de Vidadi Isgandarli souligne l’urgence pour la communauté internationale de protéger les dissidents azerbaïdjanais en exil et de garantir que la justice soit rendue pour cet acte brutal.